Publié le Fév 14, 2006 - 06:11 PM
Déclaration du Comité exécutif du Conseil européen des Responsables religieux
Oslo, 6 février 2006
- Nous appelons fermement les responsables de toutes les religions à faire tout ce qu'ils peuvent pour rejeter et pour arrêter les actes de violence et de terreur en cours, menés au nom de Dieu. Nous condamnons l'abus qui est fait de la liberté d'expression lorsqu'on blasphème ce qui est saint aux yeux des croyants. Toutes les religions tiennent pour sacrés certains symboles et des réalités de foi, et elles leur sont attachées avec une force particulière. Ce sentiment doit être respecté de tous, quelle que soit leur foi. La série profondément blessante de caricatures du prophète Mohammed est un affront à la plupart des 1300 millions de musulmans du monde. Elles sont, de ce fait, profondément blessantes aussi pour les membres des autres communautés de croyants. Nous nous unissons à l'appel adressé aux musulmans par la Conférence islamique européenne pour qu'ils ne se laissent pas emporter par la colère et ne réagissent pas avec violence. Nous nous félicitons aussi du message conciliant du Conseil musulman de Grande Bretagne, et nous le faisons nôtre.
- Nous soutenons le droit à la libre expression comme fondamental pour la démocratie et les droits de l'homme, et nous reconnaissons que la liberté religieuse dépend de la liberté d'expression à laquelle elle est étroitement liée. Nous estimons que cette liberté est violée quand il en est fait usage sans égard aux effets dommageables éventuels pour les individus et les groupes, surtout dans des circonstances particulièrement instables.
Il faut s'opposer à ce que les actes récents, considérés par beaucoup dans le monde comme blasphématoires, soient manipulés par des provocateurs, ou perturbent le processus prometteur de dialogue et de coopération en vue du bien commun qui s'est développé et s'est intensifié au cours de la dernière décennie. La religion digne de ce nom ne doit pas être prise en otage par des extrémistes d'aucun mouvement politique ou religieux. L'incendie d'églises et d'ambassades et les autres actes insurrectionnels qui se sont produits ces derniers temps sont totalement inacceptables, non seulement à l'égard de l'ordre public, mais aussi du point de vue religieux.
- Les événements tragiques qui se déroulent actuellement dans plusieurs pays ne peuvent cesser que si tous ceux qui croient en Dieu assument leur pleine responsabilité de la paix et de la justice dans leur communauté mais aussi comme citoyens dans leur propre contexte national, social et culturel. Il y a dans toutes les religions le devoir moral qu'elles partagent d'aimer Dieu et d'aimer son prochain comme soi-même ; il y a un héritage spirituel commun appelant à traiter les autres comme on voudrait qu'ils vous traitent. Ces principes à base religieuse représentent des traditions spirituelles en honneur à travers les âges, qui restent pleinement pertinentes à notre époque. Ils nous aident à transcender les frontières culturelles, sociales, ethniques et religieuses. Ils nous donnent des motifs puissants de construire sous de nouvelles formes des ponts entre les cultures, particulièrement en ces temps d'agitation et d'affrontement intenses sur des questions liées à la religion en tout ou en partie.
- Nous approuvons la manière dont le gouvernement norvégien conçoit l'équilibre à tenir entre la liberté religieuse et la liberté d'expression. Nous invitons fermement tous les gouvernements à s'abstenir de tout acte et de toute déclaration pouvant aggraver le conflit, et à rechercher des solutions par la voie diplomatique dans un esprit de responsabilité mondiale partagée. Toute transgression du droit doit être traitée non pas devant le tribunal de la rue mais devant l'autorité compétente de chaque Etat selon son système juridique et conformément au droit et aux traités internationaux. Il n'y a pas lieu d'attendre des gouvernements des pays où règne la liberté de la presse qu'ils s'excusent de ce qui paraît dans les médias.
- Cette situation profondément regrettable souligne l'importance de renforcer la compréhension et la solidarité pluri-religieuses. Le Conseil européen des Responsables religieux et Religions pour la Paix, l'organisation internationale dont il fait partie, sont prêts à collaborer avec tout gouvernement et toute institution de la société civile qui tienne sincèrement à promouvoir la dignité humaine et les droits de l'homme ainsi que le respect des croyances et des symboles religieux. Nous accentuons actuellement notre effort engagé de longue date pour promouvoir la compréhension mutuelle et la réconciliation en partageant l'information, en nous consultant les uns les autres et en en appelant à la sagesse et à la modération. Nous tenons à insister sur l'importance qui incombe à tout responsable religieux d'être un messager de réconciliation et de donner l'exemple de la solidarité avec les autres communautés de croyants dès lors qu'une attaque dirigée contre une d'elles est une attaque contre toutes.
- Le Conseil européen de Responsables religieux attache un haut degré de priorité au drame actuel ; il compte que ce conflit et d'autres du même genre seront l'un des sujets de réflexion de l'assemblée mondiale de Religions pour la Paix qui se tiendra à Kyoto en août 2006.
- Nous adressons un vibrant appel à tous les croyants pour qu'ils ne se laissent pas dominer par le découragement, mais élèvent leur cœur dans une prière pour la paix et la tolérance.
Le Conseil européen de Responsables religieux / Religions pour la Paix est formé de responsables à haut niveau des religions historiques de l'Europe, le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam, ainsi que de bouddhistes, d'hindous, de sikhs et de zoroastriens d'Europe, qui se sont engagés à coopérer à la prévention des conflits, à la coexistence pacifique et à la réconciliation. Il est partie intégrante de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix.
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