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Strasbourg, du 14 au 20 octobre 2024 : Sacrées journées de Strasbourg - Festival des Musiques Sacrées du Monde.
MADIPAX, 3 au 10 mars 2024 : Voyage de la Paix interculturel à Barcelone.
Bulletin de Septembre_2024 de l'association Tibhirine.
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Bulletin de janvier 2023 de l'association Tibhirine, voeux.
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Bulletin d'octobre 2021 de l'association Tibhirine.(cliquer)>
le Bulletin d'avril 2021 de l'association Tibhirine.(cliquer)
le Bulletin de Decembre 2020 de l'association Tibhirine.(cliquer)
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Bulletin de juin 2020 de l'association Tibhirine.
La Lettre du CERDI, de juin 2020.
Et les numéros précédents, en temps de confinement:
Bulletin de mai 2020 de l'association Tibhirine.
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Sur l'Islam, débat entre Remi Brague et Ghaleb Bencheikh. Replay du débat aux Bernardins. Cliquer.
L'Islam et la liberté de conscience - Fondation de l'islam de France.
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Le Cri de la Paix, Religions et Cultures en dialogue, Rome 23 au 25 octobre 2022.
Avec Sant'Egidio. Autour de la guerre en Ukraine.
Video de l'Assemblée inaugurale, le 23 octobre 2022"
Frère Alois de Taizé : La prière comme source de paix. Cliquer.
- Vidéo de l'hommage-prière interconvictionnelle pour les victimes de la pandémie par l'association Agir pour la Fraternité.Paris 15e (cliquer)
- Mardi 5 février 2021 : vidéo-conférence :Fondacio, La dimension spirituelle des enjeux actuels, regards croisés ; juif, catholique, musulmane"> Revoir la rencontre du 5 février.
Vidéo à revoir : Cultiver la paix avec Louis Massignon.
- 14 Mai 2020.
Le “Haut-Comité pour la Fraternité Humaine” invite tous les croyants à une prière pour l'Humanité le 14 Mai prochain contre le Covid-19. Il propose également d'observer le jeûne et de participer à des œuvres de miséricorde.
“Vatican News” :
Le “Comité” invite les croyants à ne pas oublier de nous adresser à Dieu lors de cette crise du Covid-19, « danger imminent menaçant la vie de millions de personnes dans le monde». C'est pourquoi il appelle « tous les humains partout dans le monde à s’adresser à Dieu en priant, en observant le jeûne, en faisant des œuvres de miséricorde et en L’invoquant – chacun là où il se trouve selon sa religion, sa croyance, ou sa doctrine – de mettre fin à cette pandémie, de nous sauver de ce malheur et d'inspirer aux savants les moyens permettant de découvrir un remède susceptible de réduire à néant cette pandémie. »
L'objectif, pour le “Haut-Comité pour la Fraternité Humaine”, est de contrer les répercussions de la pandémie dans différents domaines, sanitaire, économique et humanitaire.
Le Comité invoque donc Dieu « pour qu’Il sauve l’Humanité et l'aide à mettre fin à cette pandémie et qu’Il rétablisse la sécurité, la stabilité, la santé et la prospérité de façon à rendre notre monde, après la fin de cette pandémie, plus humain et plus fraternel qu’avant. »
Remarque : Le « Haut-Comité pour la Fraternité Humaine » est né de la signature, le 4 Février 2019, à Abou Dhabi, du « Document sur la Fraternité humaine, pour la Paix mondiale et la Coexistence commune » par le Pape François et le Grand Imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib, lors du voyage du Saint-Père aux Émirats Arabes Unis. Depuis les initiatives se sont multipliées pour faire connaître ce document fondateur.
Si vous n’avez pas sous la main des prières issues de votre propre religion ou doctrine,
voici 3 exemples de Prières – tirées des Écrits Sacrés Bahá'is – que vous pourrez lire
lors de cette “Journée de Prières” :
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« En son nom, l’Éminent, le Très-Haut, le Sublime. Sois glorifié, ô Seigneur, mon Dieu ! Toi qui es mon Dieu, mon Maître et mon Seigneur, mon soutien et mon espoir, mon refuge et ma lumière !
Par Ton Nom celé et vénéré, que nul ne connaît sauf Toi, je te demande de protéger le détenteur de cette prière de toute maladie et calamité, de toute malveillance (…).
Ô mon Dieu, protège-le aussi de toute douleur et chagrin, Toi qui règnes sur toutes choses.
En vérité, Tu as pouvoir sur tout. Tu agis selon Ton désir et ordonne selon Ton plaisir.
Ô Roi des rois, ô Seigneur de Bonté ! Ô Source de Beauté ancienne, de Grâce, de Générosité et de Libéralité !
Ô Toi qui guéris, Toi qui suffis à tout, Lumière de Lumière, la plus éclatante des Lumières ! Toi qui révèles chaque [Messager divin], Toi, le Compatissant, le Clément !
En ton infinie Miséricorde et en ta Grâce abondante, fais preuve de clémence envers le détenteur de cette prière, ô Bienveillant, ô Généreux, protège-le de tout ce qui répugne à son cœur et à son esprit (…) ».
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« Ô Toi, Dieu indulgent, Tu es le refuge de tous Tes serviteurs. Tu connais les secrets, rien ne t’échappe. Nous sommes tous faibles, Tu es le Puissant, l’Omnipotent. Nous sommes tous des pécheurs, Tu pardonnes les péchés, Toi, le Miséricordieux, le Compatissant.
Ô Seigneur, ne considère pas nos faiblesses. Traite-nous selon Ta grâce et Ta miséricorde. Nombreux sont nos défauts, mais infini est l’océan de Ton pardon, grande est notre indigence, mais manifestes sont les signes de Ton aide et de Ton soutien. Aussi, confirme-nous et fortifie-nous.
Que nos actes soient dignes de Ton seuil divin ! Illumine notre cœur, donne-nous des yeux qui voient et des oreilles qui entendent. Ressuscite le mort et guéris le malade. Accorde la richesse au pauvre, la paix et la sécurité à celui qui a peur. Accepte-nous dans Ton Royaume, éclaire-nous de la Lumière de Tes conseils.
Tu es le Puissant et l’Omnipotent, Tu es le Généreux, Tu es le Clément, Tu es le Bienveillant. »
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« Ô mon Seigneur, Tu sais de combien de souffrances et de calamités, de tribulations et d’afflictions, est entourée l’Humanité. Les épreuves et les infortunes s’attaquent à l’Homme telles des serpents. Il n’est pour lui ni abri ni refuge si ce n’est sous l’aile de Ta protection et de Ton assistance, de Ta garde et de Ta tutelle.
Ô toi, le Miséricordieux, ô mon Seigneur, fais de Ta protection mon armure, de Ton assistance mon bouclier, de l’humilité au seuil de Ton unité ma sauvegarde, de Ta tutelle et de Ta défense ma forteresse et ma demeure.
Préserve-moi de l’influence de mon ego et de mes désirs, et protège-moi de toute épreuve et maladie, difficulté et tribulation.
En vérité, Tu es le Protecteur, le Gardien, le Défenseur. Tu es celui qui suffit à tout, Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux ! »
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Calendrier 2011, 12 mois.
Une fiche de lecture
Profession Imâm
De Tareq OUBROU – Albin Michel 2009
L’essentiel me semble tenir page 43 « un de mes objectifs est qu’un musulman n’ait pas, ou plus, à choisir entre la pratique de sa religions musulmane et la citoyenneté française » et qu’il puisse ainsi « réaliser la double citoyenneté, céleste et terrestre ».
Ou encore, page 111-112, « Ce qui m’intéresse maintenant, c’est un islam pensé dans son monde actuel… C’est de préparer une doctrine pour les générations musulmanes futures, dans et pour un monde à venir. Voilà ce qui m’intéresse ! Penser l’objet de la foi et de l’éthique dans la culture occidentale, comme l’a fait le Coran avec la culture du moment coranique »
Ou encore, page 116 « il s’agit de répondre à cette double posture qui nécessite un grand écart : l’écoute confessante de la Parole de Dieu et l’exercice de l’intelligence pour saisir les significations du Texte qui en est la traduction écrite »
Et la dernière page ( page 216) synthétise son objectif
L’enjeu est essentiel car, il indique, page 197, que « seuls survivront spirituellement les musulmans qui savent modérer, adapter et négocier leur pratique avec la réalité de la société française »
*
De cet objectif émerge dans le chapitre 2 « Le monde de la laïcité et de la sécularisation » le concept de « sharia de minorité ». La sharia de minorité (page 40 et suivantes) est une théorie restreinte, qui prévoit un ensemble de méthodes permettant de suivre l’évolution de la société française et qui propose des outils méthodologiques, « une boîte à outils offerte aux imams, aux prédicateurs et aux muftis de France, …afin que s’élabore un discours qui favorise une religiosité intelligente et harmonieuse »
Cette sharia l’a amené à développer deux types de fatwa.
La fatwa positive, qui est la simple énonciation de l’application d’un texte (verset ou hadith) ou d’un canon déjà élaboré, « à condition que son contenu soit univoque et que le cadre juridique français et le contexte social le permettent »
Cette fatwa peut être positive commune quand elle concerne toute la communauté ou individuelle, et dans ce cas, elle cherche « à éviter la fracture sociale entre la vie du musulman au quotidien et son environnement sociétal ». « Cette dernière forme de fatwa affine, particularise, adapte, atténue, suspend ou annule la première fatwa, commune, selon les cas individuels qui se présentent »
« La fatwa négative par omission volontaire ou mutisme canonique principiel ». Elle consiste à s’abstenir d’énoncer certains contenus. « Elle peut aller jusqu’à développer une anti-fatwa et interdire et contrer des fatwas nuisibles répandues dans la communauté, des « boulets normatifs », encombrant la vie des musulmans, les empêchant de prendre un essor social, matériel et même spirituel » (p 43)
TO indique page 46 qu’il applique là la démarche coranique elle-même car les lois juridiques « sont venues répondre à un contexte précis qui s’est développé au long de vingt trois années » Il ajoute «Si certains regards n’arrivent pas à percevoir cela, c’est qu’ils sont conditionnés par un système de pensée qui, depuis très longtemps, est congelé et qu’il faudrait alors décongeler, fluidifier, et mettre dans le moule de notre condition contemporaine »
De façon générale, « toute loi doit rester au service de l’Homme, d’une façon ou d’une autre » (p 99) et il cite plusieurs fois Ibn Taymiyya qui disait « Si tu veux être obéi, demande ce qui est possible »
On retrouve dans ce jugement un élément qui court dans tout ce livre d’entretien, à savoir une critique assez dure d’une communauté musulmane qui peine à évoluer et qui reste prisonnière d’une tradition qu’elle ne comprend pas bien mais qu’elle applique. Il donne des exemples : le mariage (page 47 et 51)la dote (p 48) , les rapports entre l’homme et la femme ( page 57 et s), le fait pour chaque musulman de prendre ses responsabilités(page 71), le voile (p 81 à 85)
*
Un autre aspect important du livre est la condition de l’imam, la vie quotidienne de Tareq Oubrou lui-même, son itinéraire. Ceci est fortement évoqué dans le chapitre 1 sur « à la rencontre de Tareq Oubrou », au chapitre 5 « foi musulmane et raison critique : le rôle de l’imam » et le chapitre 7 « L’imam et le magistère ». De façon générale, il regrette la précarité de la situation matérielle de l’imam, le fait que la communauté lui demande beaucoup et sur tous les sujets et le considère trop peu, le manque de formation des imams et le fait qu’ils sont débordés. Sur sa vie, je retiens (page 183) « Moi, j’ai découvert la liberté ici, la dignité ici, la religiosité ici… et je suis redevable à la société française »
Il évoque aussi le rôle de l’imam dans les trois derniers chapitres « « portes ouvertes sur l’islam carcéral ch 8, », « les nouvelles générations de musulmans et le radicalisme ch 9 », et « L’imam face aux modèles républicains et multiculturaliste ch 10 »
*
Un troisième volet de ce livre traite du Dialogue inter religieux , dans le chapitre 6, pages 153 et suivantes. Les raisons du dialogue tout d’abord : il aime les gens, et l’injonction coranique Coran (13 :49).
Ce dialogue ne doit pas se faire contre les non-croyants ( p 154)
P 155 « … le dialogue inter religieux est d’abord une rencontre d’hommes et de femmes, d’individus, pas une rencontre des religions. Ce ne sont que des êtres humains qui dialoguent, traversés par des traditions religieuses certes différentes, mais partageant la même humanité, le même monde et généralement la même culture, la même condition sociale, la même langue et la même mentalité… »
Ce dialogue est important pour (p 156) « effacer cette image de la religion comme source de conflits qu’on a ici en Europe et notamment en France » et aussi afin de « fabriquer la paix entre les peuples, de contribuer à la paix civile des sociétés et d’éviter ainsi les conflits… »
P 159 « l’interreligieux comme éthique de l’altérité ».
Dans ce chapitre, il évoque l’exemple de Bordeaux, où le maire, Alain Juppé, vient d’installer un espace interreligieux (p 157) et son dialogue avec Mgr Ricard, évêque de Bordeaux. (p 160).
La fin de ce chapitre est marquée par l’évocation du conflit israëlo-palestinien (« qu’il faut éviter à tout prix d’importer en France »)
*
L’analyse faite ici reste très personnelle et j’ai sans doute omis de signaler des éléments importants du livre mais qui m’auront moins touché. Il ressort de ce livre un homme convaincu, qui travaille pour l’avenir en essayant de simplifier et faciliter la vie du français musulman, qui cherche à vivre pleinement dans son pays tout en pratiquant sa religion. Tareq Oubrou apparait comme un intellectuel, avec parfois un vocabulaire compliqué, mais surtout comme un homme simple et de coeur, ancré dans la vie et les soucis quotidiens des gens.
Fiche de lecture
établie par Patrice Obert, président de La fontaine aux religions
Le Christ autrement
Essai de théologie interreligieuse-
de Philippe LECLERCQ
Edition de l’Harmatan,2009
Difficile de parler du dernier livre de Philippe Leclercq. Difficile et pourtant indispensable.
Le parti pris est en fait démesuré : créer les conditions d’un dialogue plus facile avec le judaïsme et l’islam en partant d’une vision différente de ce qui est au cœur du christianisme, la personne même du Christ. Ce pavé dans la mare est lancé en page 169 qui ouvre le chapitre 5. Tout ce qui précède a pour but d’arriver à ce point central. Tout ce qui suit tient dans la conclusion qui succède directement à ce chapitre 5.
Le cœur est donc ce chapitre 5. 84 pages denses pour nous expliquer lumineusement que Jésus, l’homme, fils de Marie, n’est devenu le Christ, fils de Dieu, que lors de sa résurrection. Avec des néologismes d’une poésie totale. Tant que le Christ ne s’est pas révélé en Jésus, Jésus n’est que l’Insu de Dieu parmi nous. La Christité de Dieu se révèle pleinement dans le visage du ressuscité. Mais ce ressuscité, comme il est difficile de le reconnaître, même pour ceux et celles qui étaient ses amis. Il y faut du temps, la compréhension progressive des écritures, le long discernement lié à la relecture de ce qu’il a dit et fait, le long cheminement qui fait comprendre que derrière ce jardinier aperçu se profile le maître vénéré, le compagnon fabuleux, celui là même dont la vie et les mots étaient emprunts d’une si extraordinaire humanité pour les gens.
Ce long développement permet à Philippe Leclercq d’ouvrir une brèche phénoménale quand il dit « C’est en cela que nous pouvons dire en chrétiens que Jésus n’était pas le Christ » (p186). Puisque Jésus, homme, n’est pas le Christ révélé tant qu’il ne franchit pas la mort et la résurrection. De même que le Christ ressuscité, revêtu de la Christité de Dieu, dépasse largement le Jésus humain.
Voilà le cœur
Pour en arriver là, il aura fallu s’imprégner de ce qui précède. Ces 168 pages s’organisent en plusieurs développements.
Le premier est une réflexion extrêmement lumineuse sur les enjeux de l’interreligieux avec des phrases chocs.
Aller au bout de l’interreligieux nécessite que « les membres des différentes traditions relisent la particularité de leur propre démarche à partir du regard d’estime et d’interrogation des autres traditions en présence (p17).
« La frontière est au pays ce que la peau est au corps. L’une et l’autre se donnent à lire comme des lieux de fermeture, mais aussi comme des lieux d’ouverture » (p23)
« Il est plus réaliste et plus vrai d’apprendre à aimer avec sa tête et à réfléchir avec son cœur » (p31)
Avec les deux pages 48 et 49, dont on ne citera ici que quelques passages mais qui cernent la réalité essentielle de la rencontre interreligieuse « Le dialogue interreligieux contraint ainsi la raison à descendre du théorique au concret par une conversion de l’intelligence. C’est une démarche d’humilité qui impose le renoncement à la prétention d’élever la vérité au niveau du rationnel pur. Or la vérité n’est pas une raison à sauver, mais une vie à partager. » et plus loin (p49) « Faire le bon choix : comprendre plutôt que savoir, écouter plutôt que dicter, patienter plutôt qu’exiger…… Descendre de sa chaire de vérité pour aller à la rencontre de la chair de l’autre, qui est le lieu de sa vérité… puisque tout est grâce… »
Le second développement préliminaire est une réflexion sur la notion de « vérité ».(chapitre 2). Pour résumé, disons qu’il y a d’un côté la vérité du savoir, l’adéquation entre le mot et la chose, ce que Philippe Leclercq appelle « le pôle de l’adéquation binaire » ; et de l’autre côté, la vérité du discernement, d’une construction progressive, de l’expérience, ce qu’il nomme « le pôle de la symbolisation temporelle ». Comme illustration, notre monde occidental s’est fait le champion de la vérité-savoir. Philippe Leclercq interroge alors chacun des monothéismes dans son rapport à la vérité.
Le troisième développement est double et commence à nous perdre. Nous voici d’abord partis, au chapitre 3 « le parcours originaire », sur la trace des patriarches, Abraham, Isaac et Jacob. Passionnant ! On retrouve le sens subtil de Philippe Leclercq pour éclairer les textes sous un regard nouveau. Précision des termes, poésie des images, avec cet attachement qu’il a, et qu’il nous fait si bien partager, pour Jacob. Il avait déjà consacré 55 pages à Jacob dans son précédent livre « Comme un veilleur annonce l’aurore » paru en 2006 à l’Harmattan. Avec cette notation finale « la parole de Dieu au fil du temps tisse notre vie sur la trame de l’histoire, histoire sainte et histoire humaine tout à la fois », notation qui nous renvoie indirectement au statut de la vérité évoqué précédemment.
L’autre axe de ce troisième développement tient à une longue tirade sur « le sang versé » qui constitue le chapitre 4. On ne sait plus trop où on va car la question de la page 157 reste en suspens. Patience, on aura la réponse à la page 203.
C’est alors que Philippe Leclercq fait se rejoindre dans une brassée ces différents préliminaires pour entamer le fameux chapitre 5.
Au passage, quelques mots forts happés
Sur la virginité « Rattacher la visée du dogme de la virginité à la christité de Dieu plutôt qu’à la personne de Jésus permettrait un recentrement sur l’essentiel de ce qui s’accomplit » (p 199) (propos assez iconoclastes mais tellement attendus de notre époque scientifique).
« Dieu féconde l’humanité par une parole qui se donne à recevoir comme un baiser, pour que cette parole, en pénétrant jusqu’au cœur, redonne à l’humanité un corps nouveau (p202)
« La logique humaine est d’engendrer par le sexe, dans la chair et le sang, tandis que Dieu n’engendre pas par le bas, mais par la parole qui sort de la bouche (p 202).
« …les textes nous donnent à comprendre que la finalité ultime de sens pour la vie de l’homme est au-delà de l’horizon de la loi du sang » (p 205). C’’est ici la réponse au chapitre 4. Ce faisant, Philippe Leclercq met en œuvre dans son propre livre le processus de la vérité-discernement qu’il exposait plus haut. Le lecteur comprend peu à peu, en s’imprégnant, en acceptant de ne pas tout visualiser du premier coup. Cheminement qui est celui de la foi et celui de l’humanité. Faire confiance, progresser et discerner peu à peu quand les écailles tombent des yeux.
Puis on bascule dans la conclusion. En quelques pages, Philippe Leclercq renvoie chacun à sa tâche :
Les juifs, qu’ils choisissent entre sionisme et judaïsme en faisant retour sur la figure de Jacob/Israël !
Les musulmans, qu’ils aménagent un espace d’interprétation s’ils ne veulent pas que « leur construction religieuse vole en éclat sur la pierre d’achoppement irréductible de la Trinité chrétienne » !
Les chrétiens ( d’ailleurs, il devrait plutôt ici parler des catholiques), qu’ils préfèrent l’amour à l’idéologie, qu’ils soient « dans le monde et non face au monde », qu’ils cessent de défendre « un supermarché du salut » et qu’ils découvrent rapidement un vaccin contre « le pouvoir hiérarchique, le dogmatisme et le moralisme ».
Peut-être, peut-être, mais est ce le propos, a-t-on envie de crier à Philippe Leclercq ? Il nous avait emmenés si loin, si haut !
Revenons au cœur et dessinons la vraie conclusion, celle qui reste à écrire. Si le Christ se dit autrement, avec les termes qu’emploie Philippe Leclercq, si Jésus n’est pas le Christ, selon la façon dont il présente l’Insu de Dieu qui ne révèle sa Christité que dans la croix et la résurrection, alors, qu’en disent nos amis juifs et musulmans ? Ce livre se termine en fait par un appel aux juifs et aux musulmans (sans d’ailleurs exclure les athées grâce à un lecture, encore une fois lumineuse, de l’Evangile du fils prodigue) qui veulent discuter avec les chrétiens, et ils sont nombreux. Vous, vous qui croyez en un Dieu unique, comment entendez vous l’appel de Philippe Leclercq, comment lisez vous sa démarche audacieuse, comment répondez vous à son invitation au dialogue ? Ce sont leurs réponses qui écriront la vraie conclusion de ce livre proprement révolutionnaire.
Fiche de lecture
établie par Patrice Obert, président de La fontaine aux religions
LE CORAN DECHIFFRE SELON L’AMOUR
de Khaled ROUMO
Editions Koutounia
L’amour est un : Khaled Roumo a fait le pari difficile, en ce siècle de raison et d’indifférence envers l’humain, de nous parler d’amour. Il a choisi de nous en parler en nous invitant à un voyage plein de poésie mais aussi d’érudition à travers les lettres du Coran. Dès le début, (pages 13 et 14), il nous livre un système de transcription et chaque sous-chapitre, qui identifie des aspects de l’amour, s’accompagne d’une référence à un ou plusieurs groupes de lettres renvoyant à la même racine mais se déclinant en sens différents, voire parfois opposés. Il nous donne la clé de sa lecture en fin de parcours, en page 159 « en résumé, le jeu des racines, leur richesse sémantique, le lien de parenté qu’elles maintiennent entre des réalités proches ou opposées et la manière dont le tout se déploie, dans le contexte coranique, démontre, encore une fois, que l’amour est un – même s’il varie d’une personne à l’autre et chez la même personne – selon l’accueil qui lui est réservé ».
Faille ontologique et faillite civilisationnelle : Impossible de résumer cet hymne à l’amour, cet hymne aux manifestations de l’amour, qui débordent des sourates du Coran. N’hésitez pas à vous reporter à la table des matières. La seconde partie, qui est le cœur de ce livre, court de la page 59 à la page 209 et décrit, comme son titre l’indique, « les facettes infinies de l’amour ». Au cœur de ce long cheminement, la page 102 m’a livré une clé que je voudrais vous faire partager. « Faille, faillite, perfection : Les bouleversements internationaux qu’activent actuellement nos débats, trahissent la faillite de nos sociétés ; et cette faillite traduit une défaillance d’amour. Mais alors quel est cet amour qui serait capable de nous sortir de telles impasses ? Comment le régénérer ? Dans le verset coranique (Coran 41, 53), il est question d’extériorité (horizons) et d’intériorité (intimité). Et entre les deux dimensions se creuse une faille dont est faite la condition humaine ! En réalité cette faille n’est pas fonction d’une diversité quelconque (ethnique, religieuse, sexuelle, générationnelle, sociale…) ; elle est plutôt la traduction d’une rupture de soi à soi, d’une distance ontologique. »
Oubli – Rappel : J’y vois le cœur du message de Khaled Roumo. L’humain s’est coupé de lui-même, en oubliant Dieu, son Créateur. Il nous le redit page 68 « La beauté est un hymne au Créateur ! Et si notre époque est désenchantée, c’est parce qu’elle manque d’émerveillement, conséquence inévitable d’une rupture avec Celui qui préside à l’invention de la beauté, à son maintien et à son renouvellement : « Ils ont oublié Dieu : et du coup, Dieu leur a fait oublier qui ils sont » (Coran 59, 19) ». Et page 79 « L’acte d’adorer est le but ultime de la création des humains et des esprits ». Notre société oublie Dieu et se perd, telle est la mise en garde que nous adresse l’auteur. Mais il ne nous laisse pas sur ce constat triste. Il nous donne les outils pour nous retrouver en comprenant mieux combien le Coran est le livre par lequel Dieu, « Celui qui interfère entre l’être humain et son propre cœur (p84) », n’en finit pas de nous inviter à Le lire.
Une lecture à mille voix : Car l’Islam est né sous le signe de la lecture, nous indique l’auteur en page 47. «: Répétons que le nom de son livre fondateur est qur’ân, ce qui veut dire entre autres, lecture ! de même, le premier mot de la révélation coranique est une injonction à la lecture : Iqra’, lis, à l’impératif ». Et Khaled Roumo lit pour nous, lit avec nous et nous pénétrons peu à peu dans cette lecture à mille voix, nous enchantant de ce voyage entre les sons, les consonnes et les voyelles, un peu « sonnés » sans doute de cette diversité tourbillonnante, un peu ahuris devant le savoir si précis, si sensible de l’auteur et devant la facilité trompeuse avec laquelle il exprime chaque nuance, tant en arabe qu’en français.
Ainsi, le ton est donné dès la page 8 « la racine bada’a (créer des merveilles) se transforme en ‘abada (adorer) ! Si bien que, le matériau lexical commun aux deux racines (BD’/’BD) rétablissant le lien sémantique entre les deux termes, nous fonde à dire « seules les merveilles suscitent l’adoration ! ou encore : l’émerveillement en soi est un acte d’adoration. » Ainsi des deux racines FKR/KFR qui jouent sur les deux verbes réfléchir et renier (ou enfouir), ce qui revient à dire que le kufr, reniement, c’est l’enfouissement des fruits du fikr, la réflexion (page 88/89). Ainsi « la même racine KLM suggère en arabe, la parole et la blessure » (p 109), ce qui lui fait dire « l’amour naît dans cette faille qui représente une blessure d’amour, kalm, kulûm au pluriel, par laquelle s’insinue la parole Kalima : nom de Jésus dans le Coran, Kalimatu’l-Lah, Verbe de Dieu »(p 111). Et ainsi de suite…
Hymne à l’universel : l’auteur cite bien sûr souvent le Coran, des auteurs soufis, mais aussi de nombreux auteurs s’inscrivant dans d’autres traditions, chrétienne, hindoue et aussi des romanciers, plus souvent athées, car Khaled Roumo est avant tout un poète, comme il se définit en 4ème de couverture.
N’hésitez pas à ouvrir ce livre rare et à vous laisser surprendre. Chacun s’arrêtera sur un sens qui réveille en lui une émotion, un souvenir, un regret, une espérance. Chacun sera séduit par cette façon si libre et si rigoureuse en même temps de jouer avec les significations des mots.
Dans une dernière partie, l’auteur nous parle de « L’amour à l’œuvre ». C’est l’occasion pour lui de nous donner le sens universel de l’islam (unicité de Dieu et de l’espèce humaine, diversité de la création, dualité), [on notera page 221 : Le mal voile la face de ce qui est différent pour en altérer le sens et le transformer en différend], de différencier l’islam spirituel, l’islam universel et l’islam historique. Nous retrouvons (page 202) Khaled Roumo en fervent acteur du dialogue interreligieux : « Etant donné les similitudes de cet itinéraire avec celui d’innombrables chercheurs du vrai, issus d’autres communautés religieuses ou non, il serait absurde d’assimiler l’islam – dans son acception spirituelle- à une religion définie par de simples caractéristiques socio-historiques.»
L’être d’abord : Khaled Roumo n’ignore pas le poids du présent. En page 252, il rappelle que Modernité et Ouverture des portes de l’ijtihad (l’interprétation) sont deux nécessités posées devant l’islam contemporain. Mais il nous met en garde page 262 « Le danger réel n’est pas l’affaiblissement ou la mort des religions en tant qu’institutions, mais plutôt le peu de valeur accordé à l’être humain. Contrairement à ce qui est reçu dans certains milieux religieux, cette mort du sujet n’est pas le fait exclusif de l’athéisme mais plutôt d’une certaine idolâtrie qui mine l’esprit humain. Et cette maladie gît d’une manière occulte ou latente dans l’expérience religieuse elle-même… Autrement dit, désobéit à Dieu celui qui croit y obéir en excluant les autres du champ de l’amour divin ».
Khaled Roumo termine ce bel ouvrage sur une sorte d’appel inquiet « La question demeure : comment faire face à notre faillite en amour, cause de nos maux, que les mots seuls ne sauraient jamais résorber ? » Appel qui s’adresse à chacun de nous, croyants comme incroyants.
Qu’il sache que ses mots, en tous cas, nous auront aidés à mieux comprendre la Source qui l’anime.
L’HISTOIRE DE LA FÊTE DE VAÏSAKHI