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Publié le Avr 29, 2020 - 06:40 PM
Religions et conflits

Religions pour la Paix - France,

Commission Asie du Sud Est : Point sur la Birmanie.


L’avenir de la Birmanie entre démocratisation et tensions ethniques (constitution, laïcité, religions, économie)



Photographies par Flore-Ael Surun en 1995,
écrit par Matteo Surun.


Les commentaires et réactions pourront être envoyés à l'adresse :
religionspourlapaix@gmail.com
.


Situé en Asie du Sud-Est, le Myanmar tirerait son nom d’êtres mythiques, des fantômes lumineux qui se seraient installés dans le pays, attirés par ses richesses et seraient devenus des hommes. En 1819, les Anglais déclenchent une invasion du pays pour protéger l’Empire des Indes. À la fin d’un conflit de 67 ans, la Birmanie devient une colonie britannique en 1886.

La Birmanie tient une place centrale pendant la Seconde Guerre Mondiale car elle est la base de cette route où, à partir de 1941, les Alliés fournissent des armes aux Chinois luttant contre les Japonais.

En 1948, les Anglais décolonisent la Birmanie. La liberté n’apporte pas la paix au pays traumatisé par la violence. Le héros de l’indépendance Aung Sang est assassiné. On assiste à des contestations communistes et à des soulèvements de minorités. L’armée prend le pouvoir en 1962, et réprime le socialisme, ainsi que les manifestations étudiantes.

En 1988, la fille d’Aung Sang, Aung Sang Suu Kyi remporte les éléctions présidentielles mais le pouvoir militaire n’en tient pas compte. Elle est placée en résidence surveillée. En 1991, elle est libérée et nommée Prix Nobel de la Paix.

Aujourd’hui, le pays s’ouvre progressivement aux capitaux étrangers et au tourisme. Le pays n’est pas cependant libéré des tensions qui subissent entre les différentes éthnies.


En février 2020, je participais pendant trois jours à un Model United Nations à la John Cabot University à Rome. Je représentais l’Autriche à l’United Nations Human Rights Council et devais débattre sur les deux sujets suivants : « Death Penalty and the Rohingyas Crisis ».

Je me suis particulièrement intéressé à ce pays qui me posait de nombreuses questions, à ses pagodes du site Bagan aussi fascinantes que le site khmer d’Anghor Vat au Cambodge et à cette figure emblématique et historique : Aung San Suu Kyi, véritable Gandhi du XXIème siècle.


Je n’arrivais pas à comprendre que ce peuple si humble et chaleureux qui transparaissait dans les photos de ma tante puisse avoir autant de haine et infliger autant de violences contre une minorité ethnique. En faisant des recherches sur ce pays j’ai commencé à saisir la complexité de ce peuple de par sa diversité. J’ai réalisé, en même temps que la communauté internationale, qu’Aung San Suu Kyi n’était pas seulement la figure morale qu’on lui prêtait mais surtout une femme politique.

Elle dit lors d’une entretien que « les jeunes afin de se construire dans la vie doivent suivre leurs principes et être investi d’un devoir sur Terre » . Sa mission est de sortir son pays de la misère et de le faire rentrer dans l’Histoire.

Elle dit n’avoir pas souffert lors de son arrestation car « elle a choisi son destin ».

Elle a choisi de vivre “avec son peuple et pour son peuple”. Bien qu’elle soit critiquée par rapport à sa position face à la crise des Rohingyas, elle a toujours pour objectif de servir son pays.

Instaurer la démocratie dans ce pays divisé depuis tellement d’année semble avoir pris le dessus sur les principes moraux d’Aung San Suu Kyi. Tout en condamnant les violences commises contre les Rohingyas, elle refuse le terme de « génocide » et lui préfère le terme de « nettoyage ethnique » devant la Cour Pénale Internationale de la Haye. Lorsqu’un journaliste lui demande si les Rohingyas sont des Birmans elle répond « qu’elle ne sait pas, elle reste perplexe ».


Le but de mon article ici n’est pas d’aborder exclusivement la crise des Rohingyas. Je m’intéresse à la place du dialogue interreligieux qui est nécessaire dans ce pays à majorité bouddhiste et au respect des minorités tout en préservant une identité birmane, grâce à un vivre-ensemble,


QUI SONT LES ROHINGYAS ?













En 2012, des violences intercommunautaires ont éclaté dans l’État d’Arakan, causant plus de deux cents morts, principalement parmi les musulmans.

En Août 2017 une nouvelle crise touchant des Rohingyas apparaît à la suite du viol d’une birmane par des musulmans.

Les Rohingyas descendent de commerçants et de soldats arabes, mongols, turcs ou bengalis convertis à l’islam au XVe siècle. La position du gouvernement affirme que les Rohingyas sont arrivés au moment de la colonisation britannique, à la fin du XIXe siècle. Ils seraient selon leur dires, des émigrés illégaux du Bangladesh voisin. Une loi de 1982 instaurée par la dictature militaire les a rendus les apatrides. Ils n’ont pas été reconnu parmi les cent trente-cinq ethnies répertoriées en Birmanie. Le gouvernement birman ne reconnaît que les « races nationales », celles présentes dans le pays avant l’arrivée des colons britanniques, en 1823. Selon un rapport de la Commission européenne, « il existe des tensions de longue date » entre les Rohingyas et « la communauté bouddhiste du Rakhine ». La ségrégation communautaire y est institutionnalisée.


La communauté Padaung et les autres éthnies.


Photo Wikipedia, voir crédit ci-dessous.









La communauté Padaung est emblématique de la Birmanie. Elle fait partie des Karens au Myanmar et est connue pour ces « femmes girafes ». La véritable origine de cette tradition reste encore un mystère.

L’éthnie Wa au Nord Est de la Birmanie n’est pas encore incorporée dans l’Union et c’est un enjeu actuel encore plus important que les Rohingyas pour Aung San Suu Kyi aujourd’hui.

La Birmanie est nourrie par une diversité ethnique et religieuse. L’essentiel de l’héritage des Mons et Pyus. Les Mons ont apporté le bouddhisme therevada en Birmanie et le couvre-chef traditionnel : le gaung baung qui signifie en birman « Enroulé de tête ».

Les Pyus, civilisation datant de 200 avant J-C au XIème siècle après J-C ont apporté l’alphabet et le calendrier birman. Le pays a cependant été traversé par l’immigration de divers peuples et de différentes religions notamment la religion musulmane.


VOYAGE DE MA TANTE FLORE-AEL SURUN AU MYANMAR EN 1995.

Lettre Août 1995 de ma tante Flore-Ael Surun

Le Myanmar (ex Birmanie) est un pays extraordinaire d’abord par la richesse et la diversité de ses paysages ( plaine aux mille pagodes, fleuves et lacs regorgeant de vie ; montagnes majestueuses et mystérieuses). Mais à mon avis la grande richesse de ce pays, c’est sa population. Des dizaines d’ethnies toutes aussi acceuillantes et ouvertes au contact les unes que les autres cela certainement d’ailleurs car ce pays a été longtemps épargné de certaines mauvaises influences du tourisme…

Aujourd’hui, 85% de cette population est bouddhiste, résultat, un peuple serein, calme, ouvert, et toujours prêt à faire partager cette absolue richesse intérieure…

C’est pourquoi j’ai voulu lors d’un récent séjour dans le pays fixer ces instants si forts qu’ont été mes rencontres avec les birmans. »







































Un reportage « humaniste » sur le Myanmar

J’ai voyagé en lieu serein : le Myanmar. J’y suis allée avec des yeux, des mains et mon cœur : leur seul language. Ils vivent l’Harmonie dans sa totalité ; ils ont le respect de la Vie, de l’Être, de la Souffrance. Ils donnent sans prendre. Comment comprendre leur réalité. Ils sont dans un autre temps. Les secondes sont éternelles… Ils m’ont prise par la main du cœur.

À chaque instant, par leur Méditation à Bouddha, ils envoient au monde entier la Paix et la Joie. J’aimerai vous faire un peu voyager au fond de leurs yeux, vous faire danser sur leur sourires. Leur devise : « Step by step », au-délà il y a le Nirvana. »













Procession d'enfants bouddhistes











































Des lieux d’exception….














BAGAN est un site archéologique bouddhique de près de 50 km2 situé dans la région de Mandalay datant du royaume de Pagan, premier royaume birman régnant du IXème au XIIIème siècle.

L’Inde a historiquement exercé une influence déterminante dans l’Asie du Sud-Est dont témoignent aujourd’hui encore les vestiges des splendeurs d’Angkor (Cambodge), Borodur (Indonésie) ou de Bagan (Myanmar).

Le bouddhisme et l’hindouisme diffèrent sur le concept d’Atman qui est l’existence de l’âme. Pour les bouddhistes, il existe l’Anatman : le non-soi tandis que pour les hindouistes il existe un atman c’est-à-dire un Soi connaisseur.

Une Rencontre avec AUNG SAN SUU KYI

















Nous finirons par l’interview que l’ami journaliste de ma tante Flore-Ael Surun a donné à Aung San Suu Kyi en Août 1995.

Serge Rombi : On a le sentiment que les choses évoluent très vite en ce moment en Birmanie ?

Aung San Suu Kyi : C’est sûr… Les choses changent en Birmanie… Le tourisme est en pleine explosion, ça bouge aussi dans le domaine de l’éducation. Mais, ce n’est pas demain que les birmans pourront rejoindre notre action pour la liberté.

Serge Rombi : Justement, votre libération, n’a-t-elle pas permis aux birmans de pouvoir rallier votre cause ?

Aung San Suu Kyi : Mais… c’est impossible ! D’abord, nous ne sommes pas autorisés à recruter de nouveaux membres. Et puis, pire que cela, notre parti (la Ligue Nationale pour le Démocratie) est en train de disparaitre. Dès que l’un de nos membres décide de nous quitter ou bien meurt… Nous n’avons pas le droit de le remplacer. La junte est en train de nous étrangler.

Serge Rombi : Mais la fin de votre séjour en résidence surveillée marque quand même un certain pas vers la démocratie ?

Aung San Suu Kyi: C’est vrai. Mais ce n’est qu’un pas, un tout petit pas, et bien sûr ce n’est pas assez. Les gens de ce pays attendent beaucoup plus. Les birmans veulent un système politique dans lequel ils sont autorisés à s’exprimer, où il n’y a pas de sujets tabous. Un système basé sur le respect de l’être humain. En fait, les gens de ce pays veulent une chose simple… Ils veulent la démocratie !

Serge Rombi : Et pensez-vous que c’est possible ?

Aung San Suu Kyi : Oui. Mais si les gens veulent que cela arrive, il faudra travailler beaucoup, il faudra se battre et ne jamais baisser les bras. Mais je suis convaincue qu’un jour la démocratie viendra. Parce que les birmans sont prêts à travailler pour l’obtenir. »



Prix nobel de la paix en 1991et figure emblématique de l’opposition birmane, Aung San Suu Kyi a été remise en liberté le 10 juillet 1995 par la junte militaire au pouvoir dans son pays. Après 7 ans passés en résidence surveillée. À 51 ans, la fille du héros de l’indépendance birmane Aung San a réaffirmé sa volonté de continuer le combat pour que la démocratie s’impose dans son pays.

Après avoir lu "Se libérer de la peur"(1) de la lauréate du prix nobel et "Mystiques en action : Bonhoeffer, Malcolm X, Aung San Suu Kyi : trois modèles pour le XXIè siècle" de Curtiss Paul DeYoung (1), je peux affirmer que cette femme politique a sacrifié sa famille et son confort pour se battre, elle a choisi son destin et aujourd’hui il est de notre devoir de l’aider dans sa mission.

Ce que fait Religion For Peace en Birmanie :

L’objectif de Religion pour la Paix est de former les responsables religieux, citoyens, de
jeunes à la résolution des conflits et au maintien d’une paix durable. Ces derniers seront
capables d’identifier les sources de conflit, de les résoudre et de développer des initiatives
au niveau local et national en utilisant plusieurs outils comme l’éducation, la défense des droits, les stratégies de mise en place d’une assistance humanitaire, l’utilisation des nouveaux moyens de communication et la création de programme pour empêcher et répondre aux tensions sociales.

Religions pour la Paix au Myanmar - Réconciliation.( cliquer )

Aujourd’hui nous pouvons constater que la minorité musulmane est persécutée en Asie notamment les Rohingyas en Birmanie, les Ouighours en Chine et les musulmans dans l’État d’Assam en Inde.

Des leaders politiques comme Aung San Suu Kyi ont la responsabilité de régler ses tensions ethniques et de mettre en place un état de droit et une démocratie. En Birmanie, le dialogue interreligieux doit prendre part à ces reformes et accélérer le processus de réconciliation nationale.












Cartes (1):


Expansion de l'Islam en Asie ( XIVe - XVIe siècles)(1)




















Expansion historique du Bouddhisme.(1)



Carte marché mondial musulman.(1)


(1)Références des livres,

- Se libérer de la peur
de Collectif, Suu Kyi Aung San , et al. | 12 décembre 1991

- Mystiques en action: Bonhoeffer, Malcolm X, Aung San Suu Kyi : 3 modèles pour le XXIe s.
de Curtiss Paul Deyoung | 14 octobre 2010

- Cartes :
Géopolitique des empires: Des pharaons à l’imperium américain
Livre de Gérard Chaliand et Jean-Pierre Rageau paru chez Flammarion en 2015.

Les commentaires et réactions pourront être envoyés à l'adresse
religionspourlapaix@gmail.com

Crédit photo : Nom de la page : Padaung
Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Padaung de Wikipédia en français (auteurs)


 
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