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Publié le Fév 21, 2003 - 05:41 PM
Religions et conflitsInternational



De : "Bill Boltz" bboltz@wcrp.org
Date : 21 Nov 2002 12:19:03 -0500

Déclaration de HRH Prince El Hassan bin Talal
Moderator, WCRP


Comme croyant musulman, j'ai prié pour que le siège du théâtre de Moscou se termine pacifiquement. J'avais conscience du fait qu'était au moins donné, aux observateurs que nous étions de ce nouvel exemple de l'inhumanité de l'homme pour son semblable, du temps pour prier pour les innocents enfermés contre leur gré dans ce bâtiment, ce qui n'était pas le cas pour les victimes de l'attentat de Bali, il y a à peine un mois, ou pour celles de New York il y a un an. En tant que Musulman, je me suis de nouveau senti profondément blessé de ce que les auteurs de ce crime aient l'audace de se dire musulmans. Quelle injure faite aux hommes de foi et de raison de partout !


De nombreux pays sont aujourd'hui ravagés par des conflits armés, par une misère abjecte et par la maladie. L'économie parallèle de la contrefaçon, de la drogue, de la contrebande d'armements et du blanchiment de l'argent se déploie dans ces zones de crise. Nous en avons tous peur, à juste titre, mais les écraser sans les remplacer par des activités plus saines n'apporte aucune solution. Ce qu'il faut, c'est sûrement une vision et des politiques à long terme.

Lors d'une conférence sur "Religion et Conflit" tenue le mois dernier à Atlanta (Géorgie), l'évêque Margol Kaessmann de l'Eglise évangélique luthérienne de Hanovre se demandait "si la violence est vraiment l'éthos de notre époque". Aristote soutenait que tout ce qui concerne l'homme est fondamentalement une question d'éthique. L'idéal éthique musulman est basé sur l'idée que la création entière est liée organiquement et spirituellement. Je suis fier de prescrire toujours l'interexistence comme guide de notre vie. Les extrémistes qui prennent en otage ma religion - en fait mon humanité - fortifient ma détermination et mon engagement dans la voie d'un code de conduite éthique traduisant concrètement l'idéal de l'interexistence.

Tout au long des années 1990, la guerre de Tchétchénie a récapitulé de bien des manières ce que nous, conseillers du processus de dialogue des civilisations engagé aux Nations Unies, avons appelé "mort par abjection". Ironiquement, la Tchétchénie pourrait être aujourd'hui un exemple flagrant du succès d'une solution basée sur des aspirations et des besoins communs. Les Tchétchènes et plus généralement les Caucasiens du Nord, pour qui l'adaptabilité est comme une seconde nature, sont connus pour le caractère syncrétiste de leur adhésion à l'Islam. Les Adventistes du Septième Jour et d'autres groupes religieux ont vécu pendant des siècles et vivent encore au milieu des Tchétchènes en voisins et en amis. En fait, les Tchétchènes reconnaissent qu'ils ont beaucoup en commun avec les Russes, et la Russie est encore aujourd'hui pour beaucoup d'entre eux une terre de promesse. Ils sont légitimement fiers de leurs traditions séculaires, de leurs tendances Soufi originales, de leur modération appuyée et de l'héritage indo-européen qui imprègne leur race.

Les représentants Tchétchènes et Moscou peuvent encore oeuvrer ensemble à la paix. Il y a encore en Tchétchénie des leaders qui peuvent refléter plus honnêtement et d'une manière plus ouverte à l'espoir la volonté de l'immense majorité des Nord-Caucasiens qui condamnent le terrorisme. C'est inévitablement aux Russes que revient la charge de lancer des négociations politiques en vue d'établir une paix juste et durable. John Hulme, l'Irlandais du Nord prix Nobel de la Paix, disait qu'entre autres choses, la clé du succès en Irlande était le "respect des différences", la création d'institutions qui respectent les différences tandis qu'on travaille ensemble au processus ardu de guérison et de réconciliation.

Je crains que si nous continuons à compter sur la force, sur la puissance comme facteur de dissuasion, nous finirons par ne plus pouvoir mettre la violence elle-même hors d'état de nuire. Il nous faut nous sensibiliser davantage aux conséquences : aux conséquences de la misère, de l'analphabétisme, de l'oppression, de l'absence d'avenir, du désespoir, de la colère, toutes choses qui peuvent conduire à envisager de recourir à la violence.

L'Assemblée générale des Nations Unies avait convoqué pour le 1er octobre 2001 une réunion spéciale sur le terrorisme en vue de trouver une solution globale à ce problème. Cette réunion s'est achevée le 5 octobre sur un consensus relatif à la lutte contre le terrorisme recueillant l'accord de plus de 160 pays. Mais quelques jours plus tard, le bombardement de l'Afghanistan commençait. Une fois de plus, un processus était pris en otage par un autre au nom de la justice ou de la sécurité. Depuis lors, les pouvoirs accordés à de nombreux gouvernements leur ont permis un renforcement sans précédent des dispositifs de sécurité sur leur territoire, mais il en est résulté, en outre, un sentiment de crainte et de méfiance chez les simples citoyens. Plus dangereusement encore, ces nouveaux pouvoirs ont poussé à l'action unilatérale plutôt qu'à la recherche multilatérale de la sécurité au travers d'une coopération traitant les racines politiques du terrorisme.

La réponse au terrorisme doit être une sécurité globale. Nous ne pouvons continuer dans la voie des ripostes unilatérales en refusant obstinément de repenser nos institutions politiques, économiques et sociales. Une vision englobant l'ensemble des réalités est ce qui fait la sagesse des responsables. Si nous ne savons pas atteindre ceux qui subissent les crises et les inclure dans un réseau de droits et de devoirs, nous aurons à peine effleuré le combat contre la terreur. Chacun, partout, a droit à la liberté, a droit à participer à la société civile, a droit à la sécurité. L'impératif "anthropolitique" est que les hommes, en tant que parties prenantes, sont ce qui compte vraiment, même dans les analyses politiques les plus abstraites.

Sécurité et coopération réclament, en fin de compte, d'être abordées multilatéralement. Il en va de même des progrès de la démocratie auxquels la Russie s'est nettement engagée. Pour en finir avec le terrorisme, il faut faire exister et progresser un mécanisme international de coopération et de compréhension mutuelle comportant le partage de l'information. Aucune région aucun pays ne doit en être exclu ni traité comme un paria. Cela exige une mutation de nos positions idéologiques et un nouveau regard sur les relations internationales existantes. Cela réclame le partage non seulement des idées mais aussi des instruments et des outils rendant cette coopération viable et en permettant le succès. Ce processus ne connaît pas de frontières locales ou internationales.

Le siège de Moscou a montré une fois encore que faire face au défi du terrorisme peut conduire à des pertes disproportionnées de vies innocentes. Quelle affreuse mise en accusation de notre condition actuelle qu'il soit si facile de faire de la religion un bouc émissaire commode ! S'il est sorti quelque chose de bon de la tragédie de Moscou, c'est que le spectre menaçant de la guerre interreligieuse a été écarté. Travaillons tous à l'éliminer une fois pour toutes.


 
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