LE PRESIDENT KHATANI DE L’IRAN ET DES RESPONSABLES RELIGIEUX D’AMERIQUE
TIENNENT UN COLLOQUE SUR LE “DIALOGUE DES CIVILISATIONS”

S. Exc. M. Mohammad Khatani, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré le lundi 12 novembre 2001 à un panel de leaders religieux américains qu’ils doivent arracher le langage de la foi à ceux qui fabriquent des armes avec les religions.
Le Président a noté aussi que les groupes religieux ont un rôle vital à jouer dans le dialogue entre les civilisations.


Ce colloque avait été convoqué par la Conférence mondiale des Religions pour la paix. Il était l’hôte du Très Révérend Mark Sisk, évêque épiscopalien de New York, en sa cathédrale de saint Jean l’Evangéliste. Le Président Khatani était venu à New York pour assister à une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’année du dialogue entre les civilisations, proposée par lui en 1998 en vue d’aboutir à plus de compréhension et de respect entre les divers peuples du monde.

Se référant aux terroristes, le Président a déclaré : “Les terroristes abominables qui fabriquent des armes avec les religions sont absolument incapables de comprendre que, peut-être sans le vouloir, ils font de la religion la servante des idéologies les plus décadentes. Quand les terroristes prétendent servir la cause de la religion et accusent d’hérésie et de sacrilège tous ceux qui ne sont pas de leur avis, ils servent en fait les idéologies mêmes qu’ils condamnent.”

L’évêque Sisk, faisant écho aux observations du Président iranien a dit : “Depuis trop longtemps, dans la communauté des hommes religieux, nous avons trop volontiers laissé ceux qui parlent le plus fort définir les traditions religieuses qui nous sont si chères. Il est temps, il est grand temps, que nous enlevions ce don si précieux à ceux qui s’en servent pour leurs buts haineux.”

Le Dr. William f. Vendley, s’adressant à la fois au Président Khatani et aux responsables religieux occidentaux, a noté que “la signification la plus profonde de l’alliance grandissante entre les religions du monde est peut-être leur collaboration dans la recherche d’un nouveau modèle pour un avenir commun”. Il a fait observer que “les positions de départ concrètes des participants au dialogue reflètent celles des autres presque comme dans un miroir. Le Président Khatani part d’un ordre politique basé sur l’Islam et, à partir de là, s’ouvre à la pluralité. Les autres responsables religieux partent d’un ordre politique sécularisé ouvert au pluralisme, mais ils doivent trouver le moyen d’accueillir dans la vie publique la richesse de sens intérieure des traditions religieuses particulières. Une alliance véritable, résolument orientée vers le bien commun peut seule réunir ces deux points de départs différents en un partenariat efficace. Mais c’est ce partenariat qui est nécessaire pour aboutir à ce nouveau modèle pour un avenir commun.”

Le Rabbin Arthur Schneier, président de la Fondation pour l’Appel à la Conscience et chef spirituel de la synagogue Park East à Manhattan, a désigné l’éducation comme le moyen essentiel à la disposition des responsables religieux pour faire tomber les barrières. “Le défi proposé aux enfants d’Abraham, a-t-il dit, n’est pas seulement de se tourner vers le Ciel, chacun à sa manière et selon sa propre tradition, mais de se tourner les uns vers les autres comme des frères. Ce n’est pas seulement le moment de prier ; ce n’est pas seulement le moment de discuter C’est le moment de ne pas rester à la traîne derrière les hommes d’Etat et les politiciens, mais de passer devant et de montrer la voie. Et par dessus tout, d’enseigner.”

Le Président Khatani et les autres participants sont tombés d’accord sur le fait que les religions doivent s’engager à fond en vue de trouver une solution politique à la crise du Proche Orient et à la menace présente du terrorisme. Ils ont reconnu que les discussions relatives aux droits de l’homme doivent prendre en compte leur enracinement dans la croyance religieuse.
S. Exc. l’archevêque Khajag Barsamian, primat de l’archidiocèse de l’Eglise arménienne d’Amérique a fait valoir que “les responsables religieux peuvent intervenir dans des situations dangereuses. Ils ont réussi dans le passé à écarter la violence. Nous savons bien qu’une influence contraire peut également jouer lorsqu’ils encouragent leurs adeptes à la violence et favorisent ainsi l’escalade de la violence entre des groupes ou contre une minorité ethnique, politique ou religieuse.” L’archevêque a cité des exemples de convivence pris dans l’histoire des relations irano-arméniennes.

Le Très Révérend Léonide Kishkovsky, directeur des affaires œ*****éniques de l’Eglise orthodoxe en Amérique, co-président international et vice-modérateur de WCRP, présidait la réunion. Il a déclaré que le dialogue entre les civilisations “engage nécessairement au plan spirituel, que ce n’est pas une simple conversation mais une rencontre spirituelle et, en définitive, un dialogue entre des hommes de foi et entre les religions.” “Quelques uns, a-t-il ajouté, voient dans le dialogue interreligieux une entreprise de ceux dont la foi est faible. En réalité, le dialogue authentique entre les religions ne se développe que lorsque ses participants sont fortement engagés à l’égard des aspects fondamentaux de leur foi.”