S. A. R. le Prince El Hassan bin Talal


(Discours prononcé à la séance d’ouverture de la Septième Assemblée Mondiale de WCRP le 25 novembre 1999)

“O vous, les hommes ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme. Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous (non pour que vous vous méprisiez entre vous). Le plus noble parmi vous est celui qui manifeste le plus de piété envers Dieu.” (Coran, 49, 13)

Nous qui représentons des peuples divers, des cultures, des religions et des convictions différentes, nous sommes réunis aujourd’hui, conformément à ce verset du Coran, pour nous engager dans un dialogue objectif et pragmatique, fondé sur le plein respect mutuel du caractère sacré de nos croyances respectives.

Notre but est de nous connaître, et de contribuer à la construction d’un avenir marqué par la compréhension non par le désaccord, par la paix non par la guerre. Nous avons foi en notre engagement positif de partenaires dans un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant, où les frontières deviennent de moins en moins significatives et même se désagrègent. Nous marchons vers un monde “un” dont l’ordre du jour soit un. Mais nous voulons que celui-ci soit élaboré avec la participation de tous les peuples et de toutes les cultures, afin qu’il reflète nos préoccupations et nos intérêts mutuels. Car un monde “un” dont l’ordre du jour unique serait formulé selon le système de valeurs d’une seule culture - à l’exclusion des autres - serait un monde où l’injustice et la marginalisation mèneraient inévitablement au conflit, puis à la guerre. En revanche, un monde “un” construit à partir de milliers de cultures, un monde dans lequel ce qui est commun à tous forme les fondations et ce qui est propre à chacun constitue les pierres angulaires sera caractérisé par la coopération. Celle-ci peut seule nous permettre de vivre ensemble et d’engager l’action commune nécessaire pour bâtir un monde meilleur dans lequel tous les individus et toutes les communautés puissent réaliser leur potentiel.

Ici, aujourd’hui, notre rassemblement de représentants des croyances et des cultures de la majorité de la population du monde émet un message ferme et clair : la religion rapproche les peuples et se prononce pour la justice sociale. Il prouve que nous voulons voir l’autre à partir d’une volonté de comprendre, non à partir des idées fausses qui sèment les germes des conflits. Notre Conférence se tient dans un pays arabe musulman, dans une région qui a donné naissance à de nombreuses civilisations. L’héritage historique de cette terre est fait de tolérance religieuse, de respect pour autrui, et de la ferme conviction que tous les peuples ont le droit de vivre en paix. C’est un héritage qui n’admet aucune contrainte en matière de religion et considère comme sacré le droit des êtres humains à vivre dans la dignité. Le rôle de Sa Majesté le roi Abdallah qui parraine cette Conférence, et celui de la Jordanie en tant que pays hôte reflètent la politique centriste et modérée du Royaume, le ferme appel qu’il fait, pour des raisons de principe, à une paix dans la région et dans le monde qui soit fondée sur la satisfaction des droits que nous avons tous en matière politique, économique, culturelle et religieuse. Car il ne saurait y avoir de paix et de stabilité en présence de l’injustice et de la frustration. En Jordanie, les muezzins appellent les Musulmans à la prière, et les cloches des églises sonnent joyeusement. Les Chrétiens accomplissent leurs devoirs religieux côte à côte avec leurs frères musulmans, dans un climat de respect mutuel et de tolérance religieuse. Car l’Islam est une religion de paix et d’impartialité qui rejette la discrimination et l’injustice, une civilisation mondiale qui continue de contribuer au bien-être de toute l’humanité.